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Etude Scanelis : méningite leishmanienne

Cas clinique : Méningite leishmanienne, à propos de 3 cas
S. CATHELAND (1) , D. RIVIERE (2), C. TRUMEL (3)
(1) Clinique vétérinaire Cabassu, 12 avenue du Prado, 13010 Marseille, Tel : 04 91 37 16 30, catheland@wanadoo.fr
(2) Laboratoire SCANELIS, Allée Charles Cros, 31770 Colomiers, Tel : 05 34 50 50 90, delphine.riviere@scanelis.com
(3) Laboratoire central des cliniques, Ecole Nationale Vétérinaire, 23 chemin des Capelles, 31300 Toulouse, c.trumel@envt.fr

Trois chiennes, Dora épagneul breton de 1,5 ans, Missi et Vanka, deux Border collie respectivement de 5 et 9 ans sont référées en consultation de neurologie à la clinique Cabassu. Dora est présentée pour syndrome algique récidivant, Missi pour hyperthermie et douleurs, Vanka pour tétraparésie.

Le jour de la consultation, Dora ne présente aucune anomalie clinique. Missi présente des douleurs en région thoraco-lombaire et Vanka est tétraparétique.

Des examens tomodensitométriques sont réalisés sur les 3 chiennes. Une adénomégalie abdominale discrète est visualisée pour Missi et Dora. Une méningite est suspectée pour Vanka par renforcement des contours méningés. Des ponctions de liquide cérébro-spinal (LCS) sont réalisées. Les analyses cytologiques révèlent une pleiocytose correspondant à un infiltrat inflammatoire de cellules mononucléées mixte (macrophages et cellules lymphoïdes) ou exclusivement macrophagique pour Missi. Les analyses PCR maladie de Carré, toxoplasmose, neosporose, ehrlichiose et leishmaniose sont demandées. Les tests sont uniquement positifs en leishmaniose pour les 3 LCS. En revanche, les tests sérologiques sur sang sont négatifs pour Dora et Missi (non réalisé chez Vanka).

Un traitement associant prednisolone (1mg/kg/j/5 à 10 jours puis CJA), antimoniate de méglumine (Glucantime®, 100mg/kg/28j) et allopurinol (Zyloric®, 10mg/kg/bid) est mis en place. Une amélioration de l’état général est visible rapidement chez les 3 patients. Une analyse PCR sur LCS est à nouveau réalisée pour un des 3 chiens, 8 jours après le début du traitement mais avec arrêt des corticoïdes depuis 4 jours. Le résultat est négatif. Parallèlement, la cytologie de ce LCS ne montre plus qu’une très légère inflammation granulomateuse avec une nette diminution de la cellularité. (Annexe 1).

Le premier cas de méningite leishmanienne chez le chien a été publié en 1996, depuis les cas décrits sont peu nombreux et concernent surtout le Brésil avec Leishmania chagasi. L’observation de troubles neurologiques concerne moins de 5% des chiens leishmaniens. L. chagasi et infantum ont été retrouvées dans l’encéphale de chiens atteints de leishmaniose viscérale. Les amastigotes semblent s’infiltrer principalement via les jonctions communicantes des plexus choroïdes et de la leptoméninge mais aussi via les capillaires fenêtrés des organes circumventriculaires qui ne possèdent pas de barrière hémato-encéphalique. Cependant, les analyses immunohistochimiques ne mettent pas toujours en évidence la présence de leishmanies dans l’encéphale de chiens présentant des signes neurologiques. Des fragments de leishmanies ou des protéines intracellulaires habituellement non sécrétées, dont l’existence a été démontrée dans des publications récentes, peuvent suffire à engendrer une réponse immunitaire à dominante LT CD3 dans le LCS. L’interrogation demeure sur les charges très faibles de leishmanies détectées par la PCR : les variations de quantités de leishmanies détectées par PCR sont-elles liées à la fois à la quantité et à la qualité des cellules inflammatoires infiltrant le LCS (lymphocytes versus macrophages) ?

Seule l’analyse du LCS permet pour ces trois cas de mettre en évidence la présence de leishmanies. En effet, la cytologie oriente vers un processus inflammatoire et la PCR quantitative permet d’identifier le pathogène. L’ensemble des résultats des examens complémentaires associés à la très bonne réponse au traitement permet d’orienter le diagnostic vers une méningite leishmanienne.

Cependant, des études sur un plus grand nombre de cas permettraient peut-être de comprendre la pathogénie de ces formes séquestrées. De plus, il serait intéressant de mener des études comparatives sur des chiens ne vivant pas en zone endémique afin d’éviter le biais de portage asymptomatique.

Annexe 1

Epagneul breton Dora Border collie Missi Border collie Vanka
Cytologie LCS Cellularité : 350 /µl - Macrophages lymphocytes 72% - GNN 28% Cellularité : 45 /µl - Macrophages 98% - GNN 2% Cellularité : 3600 /µl - Macrophages 51% - Lymphocytes 47% - GNN 2%
PCR avant traitement LCS : Charge très faible (CTF) LCS : CTF LCS : CTF - MO : CTF
PCR après début traitement Sang : CTF - LCS : négatif - NL périphérique : négatif - MO : négatif LCS ponctionné dans les jours à venir
Réponse au traitement Très bonne Très bonne Très bonne