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Etude Scanelis : uvéites félines d’origine virale

Les uvéites félines : prévalence de l’infection par les coronavirus, les rétrovirus, l’Herpes virus félin et Toxoplasma gondii dans les prélèvements d’humeur aqueuse évaluée à partir de 91 cas.
C. BOUCRAUT-BARALON, D. RIVIERE et S. LAFON - Scanelis

Les uvéites félines sont fréquentes et peuvent être la première ou la seule manifestation d’une maladie systémique. Les traumatismes, avec ou sans infection bactérienne, les infections virales ou parasitaires et les néoplasmes font partie des étiologies classiques de l’uvéite féline. 91 prélèvements d’humeur aqueuse ont fait l’objet de la recherche systématique des coronavirus félin, du FeLV, du FIV, de l’herpes virus félin et des toxoplasmes par des techniques de PCR temps réel.

Matériel et Méthodes

91 prélèvements d’humeur aqueuse reçus au laboratoire en 2009 et prélevés sur des chats présentant une uvéite isolée ou associée à des signes cliniques extra-oculaires ont été analysés par RT-PCR temps réel pour le coronavirus, le FeLV et le FIV et par PCR pour Toxoplasma gondii et l’herpes virus félin. Pour les prélèvements positifs, une quantification des agents infectieux a été effectuée.

Résultats

Aucun prélèvement ne s’est avéré positif pour la recherche de Toxoplasmes, trois prélèvements étaient positifs pour l’herpes virus félin dont un était également positif pour le coronavirus. Les très faibles charges virales détectées ne permettent pas de conclure avec certitude à une éventuelle implication du FHV dans le développement des signes cliniques observés.
En revanche le coronavirus et le FeLV ont été retrouvés à une fréquence plus élevée. Le coronavirus est l’agent infectieux le plus fréquemment détecté (un tiers des prélèvements) avec le plus souvent des charges virales importantes évoquant une implication de la réplication virale dans la pathogénie de l’uvéite. La moyenne d’âge des chats présentant une uvéite à coronavirus est de 16 mois contre 47 mois pour les chats négatifs et 39 mois pour l’ensemble des animaux inclus dans l’étude. Deux tiers des chats atteints d’une uvéite à coronavirus ont moins de 1 an.
Pour les prélèvements positifs en coronavirus, des signes généraux étaient associés à l’uvéite dans la majorité des cas, l’hyperthermie étant le plus fréquent. Des signes nerveux, digestifs ou respiratoires ainsi que des formes effusives sont également observés. Lorsque des signes extra-oculaires étaient décrits, les autres prélèvements disponibles ont été analysés en parallèle (sang, épanchement, LCR) et se sont également révélés positifs.

Discussion

Si l’uvéite est un signe classiquement décrit dans la péritonite infectieuse féline, aucune donnée n’est actuellement disponible dans la littérature concernant l’intérêt de la recherche du virus directement dans l’humeur aqueuse. Il apparaît que parmi les maladies infectieuses ou parasitaires classiquement impliquées dans la pathogénie des uvéites félines, la PIF est la plus fréquente en particulier chez le jeune chat et qu’elle peut être associée à d’autres infections (FeLV, FIV, FHV). Bien que l’uvéite à coronavirus soit le plus souvent associée à des signes généraux et à une virémie, il existe cependant certains cas d’uvéites isolées à coronavirus sans attente de l’état général, en l’absence de virémie et pour lesquels la mise en place d’un traitement par les gluco-corticoides adapté permet d’obtenir des rémissions longues.

Conclusion

Les infections par Coronavirus félin et le FeLV sont les causes les plus fréquentes d’uvéites d’origine virale chez le chat. La mise en évidence du FHV dans l’humeur aqueuse est rare et le rôle de cet agent reste à préciser. Enfin la prévalence de Toxoplasma gondii évaluée à partir de la recherche du parasite par PCR directement dans l’humeur aqueuse est très faible. Dans notre expérience les quelques cas confirmés (2 cas sur plus de 300 humeurs aqueuses analysées sur les dix dernières années) étaient associés à une parasitémie dans un contexte de toxoplasmose généralisée.

Communication présentée lors du congrès AFVAC 2010